Femmes et sport de haut niveau : concilier carrière et vie personnelle
Les défis spécifiques des femmes athlètes de haut niveau et le traitement médiatique
Le parcours des femmes athlètes de haut niveau est rempli d'obstacles, qui vont bien au-delà de la simple performance sportive. Au-delà des défis physiques, elles doivent faire face à une pression sociale et médiatique particulière, souvent axée sur leur apparence physique et leur vie privée, bien plus que sur leurs exploits sportifs, contrairement aux athlètes masculins.
Des stéréotypes tenaces et une pression esthétique
Le corps sous surveillance : Les femmes athlètes sont souvent jugées sur leur apparence physique, qui est perçue comme un élément central de leur identité sportive. Cette pression esthétique peut mener à des troubles du comportement alimentaire, une image corporelle négative et une quête incessante de la perfection physique.
La sexualisation : Les femmes sportives sont régulièrement sexualisées dans les médias, leur corps étant souvent objectivé et mis en avant au détriment de leurs compétences sportives. Cette représentation stéréotypée limite la reconnaissance de leurs talents et contribue à les réduire à leur apparence physique.
La maternité et la carrière : La conciliation entre maternité et carrière sportive reste un enjeu majeur pour les femmes athlètes. Les choix de vie de ces femmes sont souvent questionnés, et elles sont confrontées à des dilemmes difficiles qui n'ont pas les mêmes répercussions sur les athlètes masculins.
De plus, la question de la grossesse dans le sport de haut niveau féminin est toujours tabou, dans plusieurs cas, il aura fallu que des athlètes de pointe choisissent de fonder une famille à l’apogée de leur carrière pour qu’un changement de culture s’amorce. Dans le football, on pense notamment à l’ancienne joueuse américaine Alex Morgan, qui avait renoué avec la compétition après avoir eu un enfant, ou dans le handball français, avec la championne olympique Cléopatre Darleux.
Serena Williams, elle, était enceinte de huit semaines lorsqu’elle a remporté les Internationaux d’Australie en 2017. Rien ne lui garantissait alors de retrouver sa place à son retour. La WTA a annoncé en juin 2018 que les joueuses enceintes auraient dorénavant une période de deux ans pour revenir au jeu tout en conservant le classement qu’elles détenaient.
C’est en 2020 que la WNBA a choisi d'améliorer de façon importante les conditions de ses joueuses. Pour la première fois, leur salaire moyen se situe dans les six chiffres, à environ 130 000 $ par an. De plus, les congés de maternité sont entièrement payés et un appartement de deux chambres à coucher est aussi garanti par la ligue pour les joueuses ayant une famille.
Un traitement médiatique inégalitaire
Le traitement médiatique des femmes athlètes est souvent marqué par des inégalités par rapport aux hommes.
Moins de couverture médiatique : Les compétitions féminines bénéficient généralement d'une couverture médiatique moins importante que les compétitions masculines, tant en termes de durée que d'intensité.
Un focus sur la vie privée : Les journalistes et les médias s'intéressent plus souvent à la vie privée des femmes athlètes qu'à leurs performances sportives. Les questions sur leur vie amoureuse, leur apparence physique ou leurs choix de vie sont fréquentes, ce qui peut être perçu comme une intrusion dans leur vie privée et une forme de harcèlement.
Un langage sexiste : Le langage utilisé pour décrire les femmes athlètes est souvent condescendant et sexiste. Les termes employés peuvent être infantilisants, ou valoriser des qualités esthétiques au détriment des compétences sportives.
Les conséquences de ce traitement inégalitaire
Ce traitement médiatique inégalitaire a des conséquences importantes pour les femmes athlètes :
Une pression psychologique aggravée : Les femmes athlètes sont confrontées à une pression psychologique plus importante que les hommes, due à la fois aux attentes sociales et à la médiatisation de leur vie privée.
Une difficulté à se professionnaliser : Les femmes athlètes ont souvent plus de difficultés à se professionnaliser et à obtenir des contrats de sponsoring que les hommes, en raison d'une moindre visibilité et d'une image moins valorisée.
La discrimination par la grossesse : En 2019, l’athlète de 800 m Alysia Montano a signé une lettre ouverte dans le New York Times afin de dénoncer le manque de protection dans les contrats de sponsoring. Son message était limpide : les athlètes sont punies pour être tombées enceintes. Elle révélait que lorsqu’elle avait annoncé à Nike qu’elle voulait un enfant, le géant américain lui avait dit qu’il cesserait alors de la payer. Elle a donc quitté Nike afin de se joindre à Asics. Une vague de dénonciations s’en est suivie.
Plusieurs athlètes, dont la marathonienne américaine Kara Goucher, ont avoué avoir subi le même traitement de la part de Nike. Rapidement, d’autres équipementiers, comme Nuun, Altra, Brooks et Burton, ont affirmé publiquement qu’ils ajouteraient de nouvelles clauses à leurs contrats. Sous pression, Nike a finalement annoncé que des clauses protégeant les athlètes féminines seraient renforcées dans les contrats et que celles qui décideraient d’avoir un enfant seraient admissibles à une aide financière de 18 mois, pendant la grossesse et après la naissance de l’enfant.